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4- Politiquement incorrect

Réflexions > Handicap et scolarisation
16/10/2017


    Avoir un enfant handicapé est une situation douloureuse pour les parents.

    Faute de pouvoir y rémédier et après avoir ignoré ou caché le handicap, la société a décidé de le compenser en imposant de nouveaux droits pour les personnes handicapées, de nouveaux devoirs pour la communauté, de nouvelles normes contraignantes, ...

    Cette volonté de compensation conduit à des situations déraisonnables qu'il est politiquement incorrect d'évoquer.

    En voici quelques exemples qui concernent le domaine de l'école et plus particulièrement la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation de la citoyenneté des personnes handicapées.
Cette loi, rappelons-le, impose au service public d’éducation de veiller à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. Une approche nouvelle est consacrée : quels que soient les besoins particuliers de l’élève, c’est à l’école de s’assurer que l’environnement est adapté à sa scolarité.

         Après l'exemple de la rampe d'accès construite pour une élève, voici celui des W.C pour adultes handicapés.

                   La commune a décidé de rénover et d’agrandir son école. Cela doit se faire dans le respect des normes et en particulier celles concernant l’accueil de personnes handicapées.
                   A l’origine, il est prévu de construire une salle de motricité dotée de deux petites pièces destinées au rangement du matériel scolaire et d’entretien ainsi que d’un W.C pour des adultes. Un peu plus loin, le personnel de l’école profitera d’une petite tisanerie.

                   Mais voilà, il faut prévoir un W.C destiné aux personnes adultes handicapées, ou plutôt deux car il en faut un pour les femmes et un pour les hommes.
                   Qu’à cela ne tienne, et vue la taille des W.C pour personnes adultes handicapées, il n’y aura pas de W.C normaux, les pièces de rangement disparaissent, la surface utile de la salle de motricité est diminuée au profit de placards de rangement et la tisanerie se transforme en lieu de stockage pour les produits d’entretien.
                   Un seul W.C pour adulte handicapé n'aurait-il pas suffi ?

                   Faut-il préciser que les W.C pour personnes handicapées n’ont pas été utilisés comme tels pendant la période où j’étais dans l’école ?
         

         Laura* est petite fille sympathique, rieuse, alerte, intelligente. Rien ne la distingue des autres petites filles de la classe mais Laura est dyslexique et elle n’entend pas très bien.
L’enseignement doit lui être adapté.
Elle bénéficiera d’une aide AVS. Pour palier son audition défaillante, elle sera placée au premier rang, devant le tableau. De plus, un ordinateur portable sera mis à sa disposition.

         C’est là qu’apparaissent d’autres problèmes imprévus !
              D’abord, l’AVS qui doit être à côté de Laura,  gêne, de part sa taille, la bonne vision du tableau par les enfants placés dans les rangs suivants. La salle ainsi que l’effectif empêchent une autre disposition des tables.
              Ensuite, Laura bénéficie d’un aménagement particulier de ses conditions de travail (photocopies alors que les autres doivent copier, temps supplémentaire pour les devoirs, allègement du travail, …) qui la singularise de l’ensemble.
              Enfin, l’ordinateur portable attire la convoitise des autres élèves qui ne comprennent pas pourquoi eux n’y ont pas le droit.

         Tout ceci fait que Laura se sent moins bien en classe, qu’elle s’isole peu à peu.
         C’est lorsqu’un taxi viendra chercher Laura pour la conduire aux séances d’orthophonie que les autres élèves comprendront le dispositif et que la situation se normalisera.


    Nous l’avons déjà dit, l’enseignant n’est pratiquement, voire pas du tout, formé pour recevoir un enfant en situation de handicap. Or, la demande de scolarisation en milieu ordinaire d’enfants handicapés va en augmentant.

         Durant ma dernière année de carrière, ma classe comptait 24 élèves dont 3 « dys » reconnus par la MDPH, 1 « troubles du comportement » en cours de reconnaissance et 2 enfants subissant des situations familiales difficiles (divorce des parents, maladie grave dans la fratrie) et méritant une aide spécialisée. Un quart de la classe (6 sur 24) relevait ou méritait de relever d’un enseignement adapté.
         Aider ces enfants m'a demandé un investissement très important en énergie, en temps ; je me suis débrouillé, j’ai cherché, sur le web, dans les livres, en observant. Je m’en suis tiré comme j’ai pu, mais pas toujours, j’ai échoué, parfois, et cela m’a été très pénible. Je m’en suis voulu de n’avoir pas su, pas trouvé, malgré mon expérience du métier.
         J’ai aussi regretté ne pas pouvoir me consacrer davantage à d’autres élèves qui avaient, eux-aussi, besoin de moi.


    Il est aujourd’hui de bon ton de prôner l’inclusion des élèves en situation de handicap dans les classes ordinaires.

    Il est politiquement très incorrect d’affirmer, pour les raisons développées précédemment, que les résultats espérés sont loin d’être atteints.

    Il devient très, très incorrect de se demander qui a "pondu" la loi de février 2005 et pour quelles raisons (le handicap participe à la mauvaise conscience collective, l'accueil des enfants handicapés dans des structures spécialisées est trop onéreux, ...).
« L'amendement Creton »  à la loi du 13 janvier 1989 permet le maintien, dans l'attente d'une solution adaptée, de jeunes handicapés âgés de plus de vingt ans dans les établissements médico-sociaux pour enfants handicapés qui les accueillent. Par conséquent, si les solutions adaptées n'existent pas (ou pas suffisamment), les jeunes handicapés de plus de vingt ans continuent d'occuper des places destinées à des plus jeunes et, mécaniquement, cela crée un "bouchon": il n'y a plus assez de places pour les plus jeunes qui, pourtant, doivent bien être accueillis quelque part. Ce quelque part sera l'école, l'école "ordinaire".
Pour obliger l'école "ordinaire" à assurer cet accueil, il suffit de faire une loi.






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